1943-2023 : Les 80 ans de la fondation du Conseil national de la Résistance (CNR)

Cette année, plusieurs initiatives sont prévues pour commémorer les huit décennies de la fondation du Conseil national de la Résistance sous l’égide de Jean Moulin. Les Amis du Musée de la Résistance nationale de Seine-Saint-Denis s’y associent. Le programme des initiatives et cérémonies sera bientôt en ligne sur notre blog.

Plaque apposée au n°48, rue du Four à Paris 6e où le CNR s’est réuni pour la première fois. © Photo Wikipedia

Le Conseil national de la Résistance se réunit pour la première fois le jeudi 27 mai 1943 dans Paris occupé au 48 rue du Four dans le 6e arrondissement. Les 17 membres présents représentent Libération-nord et sud, Combat, Franc-tireur, Organisation Civile et Militaire, Front national, Ceux de la Libération et Ceux de la Résistance ; des partis politiques Parti Communiste Français (PCF), Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), Parti radical-socialiste, Parti démocrate populaire, Fédération républicaine, Alliance démocratique et des confédérations syndicales Confédération Générale du Travail (CGT) et Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (CFTC).

Présidé par Jean Moulin (1899-1943), le CNR adopte, après débat, une motion de soutien au général de Gaulle « qui fut l’âme de la Résistance aux jours les plus sombres et qui n’a cessé depuis le 18 juin 1940 de préparer en pleine lucidité et en pleine indépendance la renaissance de la Patrie détruite comme des libertés républicaines déchirées », reconnaissant à l’unanimité le général de Gaulle comme le chef politique de la Résistance.

Le Conseil de la Résistance avait une double fonction : d’une part être « un embryon de la représentation nationale » en exprimant les diverses tendances de la Résistance, d’autre part faire appliquer en France les décisions du Comité français de la Libération nationale (CFLN) qui sera créé le 3 juin 1943 pour succéder au Comité national français (CNF).

Jean Moulin en 1938 © Photo Studio Harcourt

En mars 1943, Jean Moulin avait reçu du général de Gaulle la mission d’unifier la Résistance au sein d’un Conseil de la Résistance. Cette création répondait surtout à la nécessité d’acquérir une légitimité aux yeux des Américains et des Britanniques qui, depuis la conquête de l’Afrique du Nord, penchaient pour le général Giraud. Ce qui impliquait que les représentants des partis politiques reconnaissent la primauté du général de Gaulle.

Après l’arrestation de Jean Moulin à Caluire dans la banlieue de Lyon, le 21 juin 1943, et sa mort le mois suivant sous la torture infligée par Klaus Barbie, Georges Bidault le remplace à la tête du Conseil de la Résistance, qui ne prendra le qualificatif de « national » (CNR) qu’à l’automne 1943. Le CNR adopte le 15 mars 1944, à l’unanimité, un programme commun qui est perçu comme une véritable charte de gouvernement. En effet, une des principales fonctions du CNR était aussi d’être un lieu de débats et de négociations permettant de maintenir la cohérence au sein de l’Etat clandestin. En cela, le CNR était un véritable symbole d’union nationale.

« Les jours heureux » tout un programme, celui du Conseil national de la Résistance élaboré en mars 1944

L’idée d’un programme commun à tous les éléments associés dans la Résistance avait été portée pour la première fois par le socialiste Léon Blum, en 1942 : il s’agissait d’élaborer une plate-forme de rénovation de la vie politique de l’après-guerre. Mis en forme par Pierre Villon, cadre du parti communiste français, le Programme d’action de la Résistance, ce qu’on appellera après la Libération « Programme du CNR », résulte d’un compromis. Il présente deux objectifs : « un plan d’action immédiate » et « des mesures à appliquer dès la libération du territoire ». A savoir l’établissement de la démocratie la plus large possible, le rétablissement du suffrage universel, la refonte du système éducatif, l’établissement d’un plan complet de sécurité sociale, le retour à la Nation des grands moyens de production monopolisés, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol…, le droit au travail et le droit au repos, et enfin une extension des droits politiques, sociaux et économiques des populations indigènes et coloniales. A ce jour, le programme du CNR reste le seul programme d’action de l’histoire de France à avoir été l’expression d’une très large approbation nationale, qui exprimait l’unité de la Résistance face à l’ennemi et à ses complices.

Sources : Fondation de la Résistance et Musée de la Résistance en ligne.

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