La Résistance au cinéma, grandeur mature

Le 4e festival scolaire des Amis du Musée de la Résistance nationale de Seine-Saint-Denis atteint l’âge mûr. Et ses deux mille élèves-spectateurs grandissent grâce aux échanges post-projection avec les intervenant.e.s, sensibles à leurs questions. Prolongations en janvier.

« Vous faites œuvre d’utilité publique ! » La remarque de Sylvie Zaidman, directrice du Musée de la Libération de Paris – musées Général Leclerc & Jean Moulin – n’est pas anodine. Pour la 4e année consécutive, l’AMRN 93 a comptabilisé plus de deux mille scolaires, du primaire au lycée, à son festival annuel « La Résistance au cinéma ». « Nous sommes des passeurs de mémoires, se justifient les Amis de Seine-Saint-Denis. Notre but, c’est de pérenniser et transmettre celle de la Résistance à l’occupant nazi et au régime de Vichy et celle des Déportations de persécution et de répression.

Dans le « 9-3 », la mémoire a imprégné des lieux emblématiques : le camp de Drancy ; les gares du Bourget-Drancy et de Bobigny Grande Ceinture ; le Fort de Romainville aux Lilas ; le Quai aux Bestiaux à Pantin ; Saint-Denis et sa caserne des Suisses, camp d’internement des 2000 ressortissants étrangers « ennemis du IIIe Reich » ; et l’aéroport du Bourget, point stratégique bombardé et qui sert au rapatriement des prisonniers et déporté.e.s au printemps 1945. Pour les scolaires, la mémoire à portée de main.

Pourquoi le cinéma ? « Le 7e art est un vecteur de savoir et de culture. Autant en profiter », note l’AMRN 93 qui s’appuie sur une dizaine de salles du département pour choisir films et documentaires adaptés aux niveaux des élèves. Leurs réseaux avec les établissements scolaires en font la clé de voûte du festival annuel. D’ailleurs, les nouveaux films d’animation comme « Les secrets de mon père », « La plus précieuse des marchandises » ou encore « Charlotte » permettent d’aborder la Déportation par l’image même au plus jeune âge. Au risque d’attirer davantage de classes, mais aussi d’en refuser – un comble ! – faute de créneaux disponibles dans les cinémas. Prévu sur deux semaines, le festival 2025 commencé mi-novembre déborde sur 2026.

Et les élèves dans tout ça ? « Il y a autant de questions qu’il y a de scolaires dans les fauteuils », notent l’AMRN 93 et les intervenant.e.s invité.e.s. Si « Résistance », « Déportation », « camps de concentration », « camps d’extermination », etc. sont abstraits à l’entrée du cinéma, les échanges post-projection éclairent le propos, grâce aux partenaires que sont les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation – AFMD -, les associations du Réseau-Musée de la Résistance nationale : le Mémorial national des femmes en résistance et en déportation – MNFRD -, l’association Mémoire des Résistants Juifs de la M.O.I. – MRJ-MOI – et l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé-Aincourt, mais aussi le Mémorial de la Shoah de Drancy, l’association Fonds Mémoire d’Auschwitz – AFMA -, le Musée de l’Histoire vivante, l’ARAC et l’ANACR. Le site internet Mémoires en réseau du département, Seine-Saint-Denis Tourisme ainsi que l’action essentiel des services jeunes publics des cinémas permettent la diffusion et le succès du festival. Financièrement, l’AMRN 93 prend en charge la billetterie de tous les élèves de l’élémentaire mais aussi parfois du secondaire avec le soutien du Département de la Seine-Saint-Denis, de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT – Dilcrah – et de la Mission Libération du 80e anniversaire. À l’automne prochain, le 5e festival sera lui aussi « d’utilité publique » dans l’intérêt général.

Pierre Gernez

secrétaire de l’AMRN 93

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